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La Chine néolithique 5000-2000 avant notre ère
Lorsqu'on parle d'archéologie, combien de personnes penseraient à ce vaste territoire qu'est la Chine ? Pas grand monde, il est tellement plus naturel de se tourner vers l'Egypte ou la Grèce, pourtant, le pays regorge d'histoires... Attention, cet article peut être déroutant pour les non initiés, mais essayons d'aller au plus simple ! N'oubliez pas de cliquer sur les liens externes, il parait que j'ai fait une recherche iconographique.
La Chine ancienne s'étend du Néolithique à la dynastie des Han (206-220), mais nous traiterons, ici, seulement de l'époque la plus ancienne, bien avant les premières dynasties, que ce soit les mythiques Xia ou les Shang. Tout d'abord, reprenons rapidement la géographie. Le territoire est découpé par des chaînes montagneuse à l'ouest, le fleuve Jaune (Huang He) au nord et le fleuve Bleu (Chang Jiang Jangzhi) au sud. Les principales aires géographiques se trouvent entre la Vallée moyenne du fleuve Jaune, qui traverse plusieurs provinces, et la plaine du fleuve Bleu. Il est simple de retenir le nom de ces régions qui fonctionnent par paires : Hebei, Henan, Shanxi, Shandong, Hubei, Hunan, Sichuan, Shaanxi et Liaoning (nord).
He = fleuve
Bei = nord
Nan = sud
Hu = lac
Xi = ouest
Dong = est
Shan = montagne
Le domaine archéologique s’ouvre sur la période néolithique, de 5000 à 2000 av. J.-C. avec des jades et des céramiques, se poursuit avec des bronzes des dynasties Shang et Zhou, œuvres majeures auxquelles il convient d’ajouter d’importantes collections, sont des éléments de harnachement et de charrerie, de miroirs et d’agrafes en bronze ainsi que de monnaies et de laques. Il y a plusieurs cultures en parallèle dans le bassin moyen du fleuve Jaune et sur le littoral.1. Cultures autour du Fleuve Jaune : Yangshao, Majiayao et Longshan
Nous avons tendance à l'oublier, mais oui la Chine ne s'est pas construite en un jour par une unique population. En effet, de très nombreuses cultures ont vu le jour et ici nous étudierons les plus grandes, ou du moins celles où les sources sont importantes. Comment les reconnaître ? Par la céramique ! Les matières organiques disparaissent rapidement, de ce fait, il est plus rare de trouver du textile, du cuir, des paniers et bien évidemment la nourriture. L'archéologie alimentaire, un vaste domaine de recherches que je vous laisse à découvrir ! Revenons à nos moutons !
La plus ancienne culture, dès 5000 avant notre ère, se trouve dans le bassin moyen du fleuve Jaune, dans le Henan. Comme dans toutes les civilisations néolithiques (hormis pour le Japon), les hommes se sédentarisent et commencent à cultiver la terre et montrent une réelle maîtrise du feu. En archéologie, nous retrouvons principalement de la céramique finement décorée d'ocre avec une iconographie animalière et des formes géométriques du type de Yongshao (visible ci-contre) où de nombreuses micro-cultures s'apparentent comme pour le site de Banpo (à Xi'an) visible dans le musée éponyme (c'est tellement plus simple !).
Plus à l'ouest, le Gansu est le territoire de nombreuses cultures néolithiques comme celles de Dadiwan ou de Qijia ont vu le jour, poussées par la population de Yongshao vers la Sibérie (d'où les formes plus eurasiatiques). Nous allons nous concentrer sur la culture de Majiayao, antérieure des deux citées précédemment, où la majorité des céramiques sont retrouvées dans plus de mille de nécropoles et qui nous montrent un peu plus sur cette société préhistorique. D'après les offrandes funéraires déposées dans les tombes de Majiayao l'égalité entre hommes et femmes semblait exister à cette époque. Plus tard, un changement majeur est intervenu dans les pratiques d'inhumation, les hommes et les femmes étant enterrés séparément, chacun avec des dépôts différents : les hommes étaient enterrés avec des instruments nécessaires aux travaux des champs, alors que les femmes étaient enterrées avec des outils nécessaires au filage et avec des pots. Cette culture connait rois phases : Majiayao (3500-2000), Banshan (2700-2000) et Machang (2500-1800). Comment les reconnaître dans une vitrine ? Voici le kit de survie de l'apprenti sino-archéologue !Majiayayo : Le décor est exclusivement sur la partie supérieure, le reste étant enterré.
Bashan : Le col est plus haut et plus étroit, les épaules tombantes, le tout enduit d'un engobe. L'iconographie s'organise sur des petits nuclei qui tend vers la simplification dynamique.
Machang : La jarre est moins équilibrée, la représentation humaine est
encore schématique, c'est à cette période qu’apparaît le métal.La dernière culture parallèle est celle de Longshan (2400-1800) dans le Shandong. Elle se caractérise par sa société agraire et ses sites fortifiés, en effet, des chefferies apparaissent ainsi que les premières guerres certifiées entre les différents clans. La céramique est de plus en plus fine, d'environ 1mm, au point de la nommer à « coquilles d’œuf » grâce au tour de potier. Les œuvres sont reconnaissables grâce à un enduit noir à partir argile très chargé en fer, le tout, poli avec un galet. De plus, elle se différencie par une absence systématique de décor peint, même si nous pouvons observer certains pictogramme. Nous les découvrons principalement dans les cercueils bois peint, ornés de pierres, jades, objets bois, des imitations de métaux et mâchoires porcs...
2. Culture autour du Fleuve Bleu : Liangzhu, l’avènement du jade chez les élitesEn Chine, il n'y a pas eu que le bassin du fleuve Jaune qui a connu une croissance culturel florissante, non, d'autres sont apparues sur ce vaste territoire orientale. La culture de Liangzhu se situe sur le bassin et l'embouchure du fleuve Bleu, le Jiangsu, sur l'ensemble du IIIe millénaire (4300-2400). Les tombes sont désormais sous la forme de fosse avec une centaine d'objets en jade (yu) et de céramiques pour les plus grandes, cela montre l'existence d'une hiérarchisation croissante des sociétés. Les principales formes sont : les disques bi liés au ciel et les tubes cong liés à la terre selon les sources textuelles, avec des linceuls de jade à leurs côtés. On retrouve énormément de cong de différentes hauteurs, c'est un cercle qui s'inscrit dans un carré. Certains ont des motifs avec des visages anthropomorphes ou zoomorphes variés (dans ce cas-là, principalement des oiseaux), sa signification est encore obscure, mais il s'agirait d'une représentation sacrée du chaman, la connexion entre le ciel et la terre, on le nomme le masque de taotie. La forme étroitement liée à la matière, principalement en néphrite très dure à travailler, qui nécessite une foreuse métallique et un abrasif avant d'être polie; la jadéite n'arrivant que plus tardivement.
• Le disque Bi est percé en son centre, les proportions ne se fixeront que sous l’Empire. Les motifs font référence à la cosmogonie ancienne : le ciel tourne autour d’un pivot central, ainsi que le cycle des dix soleils qui, selon les croyances chinoises antiques, se succèdent au fil des jours, comptés en décade. La théorie plus acceptée reste celle de l'alter ego magique, chaman, pour invocations et transmettre savoir fondé sur un certain nombre d’observations et connaissance astrologiques. Placés sur corps pour immortalité par le jade temps nécessaire au transfert du défunt dans le monde des ancêtres.
• Les tubes Cong possèdent parfois des décors, visages, créatures hybrides, mi-humaine ou animale, reconnaissables par une grande bouche, des grandes oreilles, des yeux exorbités, et une coiffe emplumée. La forme en elle-même serait l'expression du lien entre la terre et le ciel, tout en représentant le pouvoir.
3. Culture septentrionale de Hongshan
La culture de Hongshan dans le Liaoning (au Nord de la Chine), s'étend de 3500 à 2500 et présente l'émergence d'une élite sociale et de la présence en masse d'objets précieux en jade (sur 30 sites, 250 jades), notamment le zhulong le «dragon-cochon». Elle possède des pratiques semblables avec la culture de Yangshao mais avec quelques différences sur l'usage du jade. L'émergence de l'élite se voit par la présence du mobilier funéraire et des bâtiments cultuels de plus en plus fastueux. En effet, le jade est un marqueur social, il possède un pouvoir temporel et spirituel. Quant à la métallurgie, nous remarquons un manque de décor, sinon de simples frises dont le tracé est organisé autour d’un masque (plus tard taotie).
Les sites de Niuheliang et de Dongshanzi ont donné 16 ensemble d'objets rituels sur une surface ce 50km². Nous retrouvons dans les tombes et les fosses des figures animalières et anthropomorphes, régulièrement féminines en terre. Dont 252 objets en jade, des parures et des pièces zoomorphes. La provenance du jade est sujet à débat mais il est certains que les sources sont à 300 km de Niuheliang.
• Le site de Niuheliang est sur la rive d’un cours d’eau au fond d’une vallée. Il s’inscrit dans cadre de la culture de Hongshan et comporte ensemble de vestiges très divers mais structurés, formant un système. Il associe des tombes (surmontées d’un amoncellement de rochers pour les plus imposantes), un autel (pierre posée sur cylindres de céramique), des restes d’un sanctuaire (structures en bois pour charpente, fragments de peintures murales). Nous pouvons également y trouver des grandes figurines nues en terre, brisées, s'agit-il d'un sanctuaire dédié à une déesse ? Il y a également des pièces étonnantes, comme des masques en terre avec des yeux de jade déposée dans une tombe recouverte de rochers, à côté, de nombreux vestiges de statues d’argile et pièces de jade, dont un dragon à tête de suidé (porc), le zhulong.
• Le site de Dongshanzui présente de nombreuses statuettes cassées en terre cuite séchée, il pourrait s'agir d'un culte d’une déesse de la fertilité, ainsi que des zhulong, visibles ci-dessus. Mais qu'elle est cet étrange objet ?
Il s'agit d'une pièce jue (sorte d’anneau ouvert plus ou moins épais),en forme de zhulong, c'est-à-dire un dragon-cochon (oui, il faut de l'imagination) que l'on déposait sur la poitrine du défunt. Cela semble être la plus ancienne représentation connue de l'animal fantastique. Il faut savoir que le cochon, lié à la fertilité, est l'animal le plus représenté dans cette culture. La période de Hongshan est le moment précis où les cultures s’étendent, plus de contact entre elles. Certains tentent de s’influencer et à s’unifier d’une région à l’autre. Ainsi la naissance du dragon, être hybride, se retrouve sur un vaste territoire, rassemblant en lui tous les attributs des forces vivantes de la nature et symbolisant sa toute-puissance. De surcroît, il exprimerait l'unité chinoise lentement constituée à partir d’une très grande diversité régionale, représentations septentrionales (Liaoning et Mongolie) et figurations de serpents ou animaux serpentiformes très présents dans cultures méridionales entre fleuve Jaune et Yangzi.Que faut-il retenir ?
La spécificité du Néolithique chinois réside dans l’importance donnée au jade : au Nord-Est, la culture de Hongshan (3500-2500 av. notre ère) dont le site principal est Niuheliang, produira les zhulong, tandis que le centre-est, axé autour de l’actuelle province du Zhejiang, est marqué par l’émergence de la culture Liangzhu qui trouvera son expression dans la production des cong. La mise au jour de plusieurs ensembles cohérents a révélé un stade matriarcal propre à la société Hongshan : aux cotés de zhulong figuraient des statuettes en argile représentant des femmes apparemment enceintes aux formes amples. Certains de ces vestiges furent exhumés dans des sanctuaires. Les archéologues pensent donc que ces édifices étaient consacrés au culte des déesses mères, associant fécondité et fertilité dans le but de garantir la survie de la communauté.
L'apparition d'objets en cuivre, se réalise au IIIe millénaire, de manière sporadique. Le passage du Néolithique au Bronze est progressif et non brutal. La réalisation d’objets en bronze est vu comme moment fondamental dans culture chinoise avec une grande maîtrise technique. Leur place dans la société de l’époque est exceptionnelle.Approfondissement avec :
The Gansu Pronvincial Museum • The Institute of Archeology Chinese Academy of Social Sciences • Musée Cernuschi • Musée Guimet • Persée •
Tags : archéologie, chine, néolithique
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Commentaires
2PatriciaVendredi 6 Septembre à 16:30
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Tu as dû zapper quelques mots. je te conseille d'ajouter de petits schémas vu que tu entre surtout dans les détails des poteries. Tu devrais essayer de choper des rapports de fouilles et des sources pour ton article. Car là ça fait très wikipédia. Il faut aérer un peu le texte ou ajouter des passages où c'est moins des descriptions archéologiques pures pour intéresser les visiteurs.
Si les gens s'intéressent plus à la Grèce antique ou à l’Égypte antique, c'est car c'est des cultures plus proches, étudiées depuis bien plus longtemps, avec de grosses collections dans les musées européens. Il faut dire que c'est bien plus spectaculaire.
On a ça aussi avec les légendes. (oui, je vais prendre un exemple que je maitrise. XD)
J'ai remarqué que le grand public était très peu touché par la mythologie celtique ou la vraie fonction des lieux. Prenons par exemple la "Fontaine de Barenton" de son nom moderne. On l'a assimilé récemment au mythe arthurien, notamment à la légende de "Yvain ou le Chevalier au Lion". Du coup, bah ça attire le chaland, mais en vérité cette fontaine est liée à des légendes très intéressantes. Celle que peuvent entendre les touristes c'est "l'oracle des fées". Les personnes vivants dans le village voisin, avait une coutume (encore récente) d'avant de se marier, de s'y rendre et le couple alors y jeté une aiguille. Si l'aiguille flottait, les fées étaient favorables et ils se mariaient. Si l'aiguille coulait, les fées déconseillées le mariage et les deux amants rompaient. Comme c'est romantique, bah y'a tout de même du publique. Mais que le lieu historiquement parlant était un lieu de cérémonie druidique où on rendait hommage à un dieu des tempêtes ça tu en entends à peine. Pour que les gens s'intéressent à quelques choses, faut piquer leur curiosité ou leur parler de quelque chose qu'ils comprennent.
La Chine est pas très bien médiatisée pour ce qui est des découvertes archéologiques, surtout auprès du grand publique. C'est un peu comme le néolithique en France, on connait mieux car c'est un peu chez nous, donc on a des musées sur place et ça va d'avantage nous parler car on va se dire "ainsi vivaient nos ancêtres". Même si au final, on peut pas vraiment savoir qui étaient nos ancêtres vu que les humains ont toujours eu la bougeotte au fil de la naissance des civilisations et empires et de leurs chutes. Et en France, il y a plusieurs siècles désormais qu'on s'intéresse à la préhistoire de la zone. Il y a un fort impacte médiatique et culturel.
Enfin, j'arrête là, j'en ai pour deux jours sinon à tourner autour du bocal à anchois, bonne continuation !
Bonjour, merci de ton message, il m'aidera grandement ! En effet, c'est la première fois que je poste ce genre d'article... Rien ne vient de Wikipédia ou autre, seulement de mon cours d'archéologie le plus synthétisé possible. Toutes les sources sont dans un dossier, le principal étant le manuel de mon école et les différents musées possédant les plus grandes collections (par exemple à Paris, pour cette période, il faut aller au musée Cernuschi).
Quant à ta remarque sur les légendes, ou plus largement sur une culture, on va plus facilement vers ce que l'on connait même si tout cela n'est qu'une éducation plus subjective, la diffusion est, par conséquent, plus spécifique à une communauté.
Pour finir, je vais appliquer tes conseils, surtout pour les schémas, dès que mes examens seront terminés. Parce que là, il s'agit réellement d'un cours pour reconnaître les différents types de céramiques et les œuvres majeures de la période.
Oui, ça se sent vu que c'est le cœur de l'article. ^-^
Je te conseille aussi de parler des découvertes en décrivant les tombes ou monuments fouillées car je pense que ça peut avoir un impact plus important sur le public non averti. Le moindre bout de poterie permet de savoir à peu près quelle communauté était là et de savoir si elle commerçait avec d'autres groupes mais pour la vulgarisation c'est moins terrible. Après c'est bien pour bien approfondir le sujet et apprendre ou comprendre certaines choses.