• Un instant dans une terre déserte

    Un instant dans une terre déserte

    Les sirènes ne cessaient d'angoisser le monde depuis plusieurs années

    « Pour votre sécurité, veuillez rester confiner »

    Les messages d'alertes serpentaient les rues de chaque cité.

    « Pour votre sécurité, n'empêchez pas l'armée de passer »

    Encore et encore cette peur véhiculée

    « Pour votre sécurité, veuillez ne pas utiliser les nobles denrées »

    Les populations ont voulu s'évader.

    C'est la fin, le nuage de feu les a emportées, irradiées.

    Tout est terminé.

     

     

       Un vieil homme relisait ces quelques mots trouvés près des corps inanimés d'une ancienne école, il s'agissait sans doute des derniers mots d'une jeune âme meurtrie, trop faible pour survivre après le cataclysme. Certains, ont eu de la chance, ils n'ont pas muté avant leur mort. Le monde qu'il connaissait a disparu sous cette couche de cendre. Il repensa à la troisième explosion nucléaire, ce jour d'été indien, les missiles ont été déviés, soit disant par des terroristes endormis dans la coalition, et ont atterri au pire endroit possible, créant des réactions en chaîne. Le passé semblait si lointain… Aujourd'hui il n'y a que poussière et désolation.

       Il continua à marcher le long du sentier, s'appropriant les ressources qui s'avéraient utiles à renforcer son modeste abri. Heureusement que quelques machines avaient survécu, dont cette petite radio parfaite pour entendre les ondes diffusées… Si elles étaient encore émises quelque part sur cette terre désertique. Il fallait à tout prix reprendre des forces avant de se diriger vers le camp de survivants. En effet, quelques indications étaient parsemées sur une centaine de kilomètres, un véritable jardin d’Éden si on se fiait aux textes. Comment un tel endroit pouvait-il exister ? Une enceinte avec des fermes pour se nourrir et des murs pour se protéger ? Le survivant resta un moment sur la route, à regarder par dessus son épaule si une personne un peu trop hargneuse voulait dérober ses biens. Cette déchéance causée par des biens immatériels, la bourse, les informations… Tout cela a mené à une guerre meurtrière où encore une fois, les populations en pâtissent pendant que les militaires et puissants étaient protégés derrière leurs murs.

       Après toutes ces réflexions, la nuit cendrée commençait à tomber. L'homme en guenilles se réfugia dans une vieille bâtisse en pierre, une église. Il s'agit d'un des rares monuments a avoir subsisté après l’abandon des villes et villages. Le clocher était à moitié détruit, les vitraux de l'abside avaient disparu, mais l'immense nef bordée de ses bas-côtés reposaient encore, offrant un refuge non négligeable. Plus bas il y avait probablement une crypte, elle serait idéale pour se cacher en cas d'intrusion. Le survivant déposa sur les pavés d'émaux brisés sa couche de fortune : une couverture rapiécée sombre dans un sac de lin. Avant que les dernières lueurs crépusculaires s'effacent de l'édifice, il regarda attentivement les vestiges d'un temps passé. Devant lui une pile composée de trois colonnes laissait apparaître une pierre jaunâtre, probablement du calcaire, où s'arpentaient de fines fissures jusqu'à sa base de pierre grise. D'ici, il pouvait apercevoir le ciel par une baie brisée, un arbre rachitique lui faisait face, il ressemblait tant aux hommes d'aujourd'hui… Sombre et morne pour ne pas dire mort. Mort… Il essaya de chasser de son esprit les corps calcinés qu'il découvrait chaque jour un peu plus. Sous les voûtes se dessinaient d'antiques peintures et inscriptions, le vieil homme d'ébène inventa leur signification, celle qui lui rappelait les comptines de son enfances « Enfants de la Terre Sainte, nous sommes l'avenir du monde,les branches d'un arbre immense, l'union est notre sève, la connaissance nos racines. Nous sommes l'antidote et le poison. ». Où se trouvait cet antidote capable d'annihiler ses atrocités ? Pourquoi le poison ne cessait de se diffuser ? C'est sur cette question qu'il se laissa sombrer.

       Le jour se lève, il ne peut arrêter de vivre. Une fois sa couche remise dans son sac, le survivant alla retrouver cette fameuse cité, un Eden, un Eldorado… Ou plus vraisemblablement un mirage. Il n'y avait plus de but, juste un chemin à suivre. Il pouvait ne rien trouver, peu importe, il devait avancer, étape après étape, d'un espoir brisé à un autre.

       Les jours, les semaines défilaient, toujours sous ce nuage épais. Dans peu de temps son casque se cassera et il mourra intoxiqué, pourtant l'homme fatigué continua. D'où venait sa force ? Nul ne le sait, peut être une mutation forcée, ou alors une humiliation de la destinée. L'oxygène commençait à manquer, le futur mort n'était plus à son aise, sa vue se troublait, ses jambes se dérobaient… Jusqu'à ne plus bouger. Le plus drôle dans cette fin ? L'homme avait pris le chemin opposé de la cité qui aurait pu l'aider, mais cela, c'était le monde d'Anthropya, les hommes perdus mouraient dans le nuage qui ne pouvait pénétrer un dôme protégé par ses quelques survivants.

    « Un printemps pluvieux mais chaleureux

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